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Régime Hyperprotéiné

25 septembre 2009

Interlude

Ce matin, au sortir de la douche, j'ai entendu miauler à la mort Tricky et Lola. Lorsque je suis arrivé devant l'entrée, il étaient tous les deux assis sur le petit meuble en bois posé contre le mur et regardaient vers le plafond. J'ai d'abord cru qu'ils imploraient Bastet dans l'espoir de me voir chargé de victuailles, croquettes dans la main gauche et pâtée dans l'autre.
Mais pas du tout. En fait il regardaient ce que j'ai pris au départ pour une tache au plafond. En fait, il s'agissait d'un reptile. Non pas un crocodile ni d'un caïman comme semblent pourtant le faire croire ces deux photos mais un simple lézard. D'une bonne dizaine de centimètres tout de même.
Après l'avoir attrapé à l'aide d'un sac congélation ( tout le monde sait que lorsqu'on tente d'en saisir un, il part en quittant sa queue), je l'ai shooté avec mon Olympus avant d'ouvrir la fenêtre de ma chambre pour lui rendre sa liberté. L'imbécile n'a rien trouvé de mieux que de se faufiler à toute allure contre le mur intérieur de la pièce. Puis il a disparu pour ne plus réapparaitre.

C'était ce matin.

A l'heure qu'il est, peut-être git-il agonisant entre les reliures des colonnes de livres qui reposent sur le sol de ma chambre. Peut-être a-t-il fait le repas de Tricky ou de Lola... Mais qui sait. Peut-être Vénominaga, la déesse des serpents venimeux, l'a-t-elle sauvé des griffes de ces deux chenapans ?

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22 septembre 2009

Après l'orage (1/2)

Dimanche 20 Septembre 2009 vers 17h45

48h après avoir vécu une situation exaspérante d’un point de vue moral aussi bien que physique, me voici une fois de plus dans un train. Cette fois-ci de retour pour Marseille, aucun nuage à l’horizon ne semble décidé à me faire vivre la même péripétie que deux jours auparavant. Vers 01h30 samedi matin, Anna et moi nous sommes enfin rentrés dans la chambre d’hôtel réservée un peu plus tôt dans la semaine après que nous nous soyons enlacé une demi-heure plus tôt sur le quai de la gare de Montpellier St Roch. Après avoir reproché à la SNCF de nous avoir misérablement laissés à notre triste sort moi et les 250 autres personnes du train de 17h14 vendredi, c’est au temps qui est passé trop vite durant ces trois derniers jours que j’aimerai maintenant faire la peau. Endormis à seulement 04h le samedi matin, tout ce que nous avions prévu Anna et moi durant le week-end s’en est trouvé décalé. Nous nous sommes éveillés à la lumière du jour vers 12h30 et avons quitté la chambre une heure plus tard pour nous rendre sur la plage de Frontignan afin de recueillir bois flottés, galets et coquillages. Nous avons aussi tourné les premiers plans du court-métrage que je fantasme de tourner mais à l’aide d’un simple appareil photos, même de qualité, le résultat ressemblera sans doute plus à une ébauche qu’à un produit fini. Ce fut l’occasion pour nous d’une franche rigolade. Il n’est en effet pas évident de coller sur le sable fin d’une plage, des croix où placer l’actrice, ici, en l’occurrence Anna, et de petites erreurs ont fait leur apparition au moment de visionner les quelques plans tournés. J’espère simplement ne pas avoir trop à rogner sur l’image lorsque je ferai le montage de cette scène d’ouverture.

A la suite de cette petite promenade de santé durant laquelle Anna est partie à la chasse aux cailloux, photographier quelques insectes et où j’ai failli à plusieurs reprises disparaître entre deux rochers attiré par le fracas des vagues le long d’une digue, nous avons fait le tour de la ville de Frontignan à la recherche de quoi ajouter au repas que nous avions fait deux ou trois heures auparavant. Entre une boucherie qui ne rouvrait ses portes qu’une semaine  plus tard et une boulangerie mal achalandée nous avons tout de même réussi à nous approvisionner pour le repas du soir qui se profilait dangereusement. De cette journée j’ai surtout retenu la baignade d’Anna, le tournage chaotique, les fous rires, l’abus de sucreries et le cours que ma chère et tendre a tenté de me donner le soir même sur le Loto sportif et que je me suis prétentieusement acharné à détruire. Il faudra bien qu’un jour je me sépare de ce défaut qui nous accapare elle, mon entourage et moi et qui consiste à me faire nier l’évidence pour y imposer à la place de fausses idées (veux-tu bien me pardonner princesse?).La soirée s’est alors terminée sur la voix de Ruquier et de ses acolytes, un gâteau au chocolat, quelques jeux de grattage ainsi qu’un dernier baiser.

QUELQUES IMAGES DE L'ORAGE QUE J'AI FILME AVEC MON PETIT APPAREIL-PHOTOS QUE LES 250 AUTRES PERSONNES ET MOI-MËME AVONS DU SUPPORTER DANS L'ATTENTE DE VOIR ARRIVER LES CARS DEVANT NOUS DIRIGER VERS MIRAMAS



21 septembre 2009

Marseille-Montpellier : Départ 17h14, arrivée 01h00

Lorsque j’ai quitté mon appartement vers seize heures cet après-midi, j’étais loin d’imaginer le calvaire que j’allais vivre au milieu de centaines d’autres voyageurs. Tout a commencé en arrivant en vue de Vitrolles. Le train s’est arrêté au milieu de la campagne, fort heureusement à seulement quelques centaines de mètres du quai. Après que nous ayons tous appris que le train qui nous précédait avait déraillé juste devant nous, il nous a fallut nous rendre à l’évidence que nous ne repartirions pas en direction de Montpellier de sitôt. Evidence qui fut quelques instants plus tard confirmée par la voix du contrôleur qui nous demandait alors de bien vouloir descendre du train afin de longer la voie ferrée entourée de quelques agents de sécurité. Arrivés à destination, nous avons été redirigés vers l’accueil de la gare ou nous avons du nous entasser comme des bœufs en attendant de plus amples informations concernant la marche à suivre. Aucun autre agent de la SNCF n’était présent pour nous aiguiller que ceux qui allaient débarquer une heure plus tard, le sourire aux lèvres, avec ce semblant de perversité que certains d’entre nous durent sans doute contracter à force de perdre patience.
Il n’y avait guère d’autre solution pour chacun que de rassurer ses proches en leur téléphonant faute de mieux.

Le temps allait très vite avoir la main mise sur ceux qui résistaient encore à la tentation d’étrangler le premier agent de la SNCF qui débarquerait. Les premiers éclairs se présentèrent bien avant le grand gaillard à lunettes qui finirait par nous rassurer sur notre sort futur. La pluie elle-même participa à la fête en tombant drue et revêtant l’asphalte d’une épaisse couche boueuse qu’elle était partie récolter sur les hauteurs de Vitrolles. Chacun chercha se protéger du déluge en s’accaparant une place bien au froid sous un préau qui devint très vite noir de monde. J’imagine que dans l’esprit de chacun, l’attente serait longue mais qu’elle ne dépasserait pas l’heure et demi.

Vendredi 18 Septembre 2009 vers 20h45

C’est pourtant trois heures qu’il nous fallut patienter dans le froid et sous les bombardements venus du ciel pour qu’enfin apparaissent les trois cars qui devaient nous emporter jusqu’à la gare de Miramas. Contrairement à l’hypothèse que je m’étais faite du comportement qu’allait avoir une bonne partie des voyageurs usés par l’attente, c’est dans une relative quiétude que chacun trouva un siège sur lequel s’asseoir enfin. On nous promettait vingt à vingt-cinq minutes de trajet. Il nous fallut guetter les premiers panneaux annonçant la ville de Miramas, UNE HEURE après notre départ. Je faisais une estimation du temps qu’il me restait à supporter avant de voir le paysage devenu si commun de la ville de Montpellier. Je dois préciser que l’on nous avait assuré avant de monter dans le bus, qu’arrivés en gare de Miramas plusieurs trains en partance pour Montpellier seraient affrétés afin d’assurer notre voyage jusqu’à son terme.

Vendredi 18 Septembre 2009 vers 21h45

L’impression d’acharnement qui s’ensuivit fut inconcevable lorsqu’enfin arrivés à bon port nous avons tous appris qu’aucun train n’était prévu et qu’il nous fallait « espérer » en prendre un au vol à la gare d’Avignon.
Plutôt que de hurler inutilement à la mort, j’ai tenté d’avoir un semblant d’information auprès d’un contrôleur qui « m’assura » alors qu’il y aurait « peut-être », « normalement » voire « certainement » une correspondance sur Avignon. Rien de catégorique en définitive mais je ne me voyais pas errer sur le quai de la gare de Miramas en comptant les étoiles dans le ciel nocturne. Le plus dur nerveusement était d’imaginer Anna cherchant une solution désespérée alors qu’aucune véritablement rassurante ne semblait pouvoir mettre un terme à ce cauchemar.

Le train et parti une demi-heure plus tard er c’est en arrivant à la gare d’Avignon que l’espoir de voir s’achever ce calvaire se profila lorsqu’une voix annonça aux voyageurs que le train tant attendu pour Montpellier allait bientôt prendre la relève. Une illusion qui partit en fumée lorsque le panneau d’affichage nous confirma que non seulement le train n’était pas encore arrivé mais qu’en plus il aurait une demi-heure de retard. N’ayant plus de batterie sur mon portable, Anna et moi avons dû prendre dans l’urgence une décision ferme et définitive. Elle me proposait de venir me chercher directement à la gare d’Avignon. Je lui proposais plus simplement de rester sur Montpellier et de ronger son frein le temps pour moi de venir vers elle.
Un homme avec lequel j’engageais la conversation semblait plus mal loti encore que moi puisqu’il devait se rendre à Perpignan bien qu’aucune correspondance n’était prévue pour cette ville. Un sexagénaire qui se montrait plutôt optimiste quand au temps d’attente, son dégout résultant plus du manque d’information de la part de la SNCF que d’autre chose.


**************


Ce que je retiendrais personnellement de cette désagréable expérience, c’est tout comme cet homme ce profond mépris des responsables vis-à-vis de leurs clients et leur incompétence à faire face à une telle situation, allant jusqu’à leur faire des promesses qu’ils étaient visiblement incapables de tenir. Peut-être était-ce une manière pour les premiers rencontrés de se dédouaner et de refiler le bébé à ceux de leurs collègues auxquels nous ferions face dès notre arrivée à Miramas. D’autres prirent donc la relève un peu plus loin mais ne firent pas montre d’un regain d’intérêt nous concernant. Tout au plus exprimèrent-ils des suppositions quand à notre devenir afin de calmer les esprits échaudés par une telle cascade de déconvenues.
Au contraire, je fus surpris de constater que la majeure partie des voyageurs pris l’événement de manière plutôt positive, ne retenant que les rencontres effectuées à la volée parmi le groupe composé d’environ 250 personnes. Tous ont résisté à l’attente, au froid, à la pluie et au manque d’information. Une majorité à supporté l’affligeant comportement des responsables de la SNCF. Et peu se sont énervés.

Quand à moi, c’est dans le reflet d’une eau ruisselant sur l’asphalte de la gare de Vitrolles que j’ai entraperçu le visage de celle que j’aime. C’est entre chaque coup de tonnerre qu’il m’a semblé l’entendre me soutenir de sa voix douce. Dès Miramas, c’est au cœur de la tragédie qui se poursuivait que j’ai compris que même les pires catastrophes ne pouvaient nous empêcher de nous retrouver…

4 septembre 2009

Tu ne conspueras pas ton prochain

Vendredi 04 Septembre 2009 vers 05h15,

Une étrange rumeur a circulé cette nuit. Diffusée par un individu dont l’anorexie intellectuelle frise le degré zéro, elle a fait état du désistement de certains délégués syndicaux qui devaient se rendre aujourd’hui à une réunion organisée par les syndicats et par la direction. Trois personnes donc qui par le plus grand des hasards sont tombées malades à quelques jours d’intervalle. Si je n’ai pas été personnellement mis au courant des circonstances concernant les deux premiers, je sais de visu que le troisième est tombé durant son service la veille au soir alors qu’il devait en théorie donner la touche finale au travail qu’il avait en partie assuré durant la vacation. La vérité est qu’il a probablement trouvé cet unique moyen pour éviter, tout comme l’ont fait les deux autres, de devoir défendre les agents sur leurs droits. Rien d’étonnant puisque j’ai appris au fil des conflits que l’on ne pouvait avoir confiance qu’en une seule et unique personne : soi-même.

Ce curieux personnage à la démarche claudicante est un habitué des faits devenus aujourd’hui des classiques que l’on ne se lasse jamais de nous remémorer. Comme ces journaux généreusement offerts par l’une des premières enseignes de presse écrite, et qu’il s’empresse chaque fois de s’approprier par poignées. Soi-disant pour fournir ses collègues de travail. Peut-être suis-je mauvaise langue mais lorsque l’on sait que ces dits exemplaires finissent au fond de sa sacoche, je l’imagine davantage fournir son boulanger contre un croissant ou encore son boucher contre une tranche de jambon…

Cette nuit fut l'une des plus difficiles à gérer depuis le début d’une année qui ne cesse d’avancer jusqu’à son terme. Il n’y a désormais sur les lèvres qu’un unique sujet de conversation. Chacun veut savoir de quelle manière son voisin va prendre son destin en main. Dès lors que Michel et moi nous mettons les pieds à l’intérieur de l’établissement et, jusqu’à ce que nous le quittions afin de rentrer dans nos foyers tôt le matin, c’est devenu un rituel immuable que de répondre sans cesse aux mêmes questions. J’en suis tellement écœuré que parfois je préférerai encore que l’on me place sous le nez une cuillère à soupe de cette huile de foie de morue que je redoutais tant lorsque j’étais beaucoup plus jeune. S’il est vrai que les carottes développent la mémoire et que la soupe fait grandir, l’huile de foie de morue elle vous dégoute à jamais d’avoir été un enfant.

Après cette période rituelle implacable de laquelle aucune échappatoire ne semblait pouvoir nous délivrer, j’étais encore loin d’imaginer que je devrai vivre mon adolescence ainsi qu’une large partie de ma vie d’adulte avec un visage grêlé d’acné. Dans les années quatre-vingt, je me souviens que la mode était aux cheveux en « pétards ». Aujourd’hui, la mode est au crane rasé. Les tenues vestimentaires aussi ont bien changé. Quand aux comportements, on trouve toujours la même part d’individus à la voix de crécelle et au cerveau peu développé et celle qui regroupe ceux détesté par les premiers et qui aujourd’hui me font regretter de ne pas avoir suivi la même voie qu’eux. Si la première catégorie à sensiblement évoluée d’après ce que j’ai cru comprendre, elle n’a toujours pas su prendre le dessus sur la frange qui un jour, c’est certain, nous gouvernera. Ce qui tenterait à prouver que le nombre est loin de faire la force et que sans un minimum de bon sens, on n’arrive à rien.

A part peut-être là où je travaille puisqu’on y trouve au dessus de nous des individus capables d’être incroyablement incompétents mais assez avisés pour profiter des promotions lorsqu’elles se présentent. Le choix le plus difficile à faire finalement est de choisir entre l’intégrité et l’immoralité…

Je t’aime Anna.

3 septembre 2009

Mmmm, je sens que ça vient !

Depuis quelques jours maintenant, il guète le moindre de mes faits et gestes. Il croit sans doute que les haltères qu'Anna m'a offerts il y a quelques jours sont là pour le piéger. L'emprisonner sous une cloche pour le narguer une fois qu'il n'aura plus la moindre emprise sur moi.
D'une certaine manière il a raison. Il est vrai que depuis un bon moment maintenant, bien plus qu'il ne le pense, j'attends qu'il baisse sa garde afin de le surprendre. Et j'y suis arrivé. Ce matin même. Bien que la cage dans laquelle je l'ai enfermé possède des barreaux un brin trop écartés pour m'assurer une emprise sur lui définitive, je vais surveiller chacun des mouvements d'humeur dont il fera preuve ces prochains jours.

Et ces mouvements, ce sont les miens.

Il est vrai que depuis quelques temps j'ai bien du mal à me contenter d'une viande, d'une omelette ou d'un poisson. Celle qui me fera fantasmer durablement, c'est la graisse animale dont je manque. Hier j'ai même eu l'idée saugrenue de choisir comme prétexte valable à sa consommation, l'horrible sensation de pesanteur qui alourdit ma langue, mon palais et mes muqueuses. Comme si un banc de sable avait été accueilli entre mes lèvres, attiré par une oasis dont le peu d'eau aurait été définitivement bue par des millions de grains de sable.

Au début du régime, un détail m'avait quelque peu déconcerté. Celui des conséquences liées à la consommation unique d'aliments sans fibres. J'avais lu que pour certains le fait de ne plus aller aux toilettes était un sentiment terrible. J'en suis moi-même au contraire plutôt satisfait. Economie de papier toilette, d'eau, de magazines (ne me demandez pas pourquoi) et surtout, de temps.

J'ai perdu me semble-t-il mon neuvième kilo. En réalité, l'état de décrépitude avancée dont est victime le pèse-personne ne me convaincra jamais tout à fait que j'y suis parvenu mais ce qui compte pour moi, c'est l'aiguille qui ce matin a stoppé net sur un nombre différent de la veille.

94 kilos il y a un mois tout juste et 85 ce matin. Je me voyais parti pour un calvaire long d'au moins trois mois mais aujourd'hui, j'espère en avoir fini dans trente jours. Au pire, je pèserai 80 kilos. Au mieux, entre 75 et 78.


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31 août 2009

Entre Montpellier et Marseille

Dimanche 30 Aout 2009 entre Montpellier et Marseille

Autant hier dans la matinée j’avais très envie de m’amuser, d’écrire des idioties, autant en cette fin de journée j’ai très envie de « trister » . Alors que dans le train qui la veille m’emportait vers Anna il m’avait semblé être seul au monde, ce soir la quasi-totalité des places sont prises.  Le wagon dans lequel je me situe est rempli de jeunes individus et d’une femme d’un certain âge. Cette dernière fait la même tête que celle qui vient de perdre sa famille toute entière dans un accident de voiture. Elle exprime son mécontentement chaque fois qu’une voix annonce qu’une buvette est disponible en milieu de train ou qu’une gare nouvelle se profile à l’horizon. Ses yeux se plissent. Son regard s’assombrit. Et ses rides, auparavant presque invisibles,  passent en mode 3D.

Alors que je n’ai pas encore terminé de critiquer son comportement, elle se lève déjà, armée d’un petit sac à main et d’une immense valise rose d’un gout très douteux. En voilà donc une qui échappera aux prochaines annonces au micro lorsque le train s’arrêtera aux gares d’Arles et de Marseille. Je n’avais jusqu’à présent pas remarqué qu’à ses cotés une très jeune fille était assise, le regard jusqu’ici rivé sur un lointain paysage vallonné. Elle n’a pas perdu de temps pour poser son principal bagage sur le siège toujours chaud de la vieille femme. Un message qui sans doute veut faire comprendre aux éventuels prétendants qu’il est inutile d’espérer s’asseoir à ses cotés. Je tourne le dos à la fenêtre qui m’offre une vue imprenable sur la ville de Nîmes. J‘ai décidé de ne pas m’occuper du tout de ce qu’il se passe à l’extérieur. J’imagine que de son coté Anna doit surtout se concentrer sur les panneaux de l’autoroute qu’elle prend je l’espère avec assez d’assurance pour ne pas se retrouver dans le fossé. Je pense surtout au stress qu’elle doit ressentir à l’idée de reprendre les cours mardi matin. Je me souviens que lorsque j’étais gosse je vivais assez mal les tout derniers jours des vacances d’été. Parce que j’allais retrouver les mêmes profs, qui allaient bien sûr eux-mêmes devoir me supporter durant une année entière. Le plus dur à gérer en réalité  n’était pas de me faire à l’idée de ne plus voir certains de mes amis ni de pouvoir profiter de ma passion pour le farniente. C'était de ne plus avoir la possibilité de dormir sans avoir à me soucier de me réveiller à une heure bien précise.
Alors quand je pense  à cette pauvre Anna et aux six-cent élèves qu’elle va tenter d’éduquer, cela me rend malade.

Pour l’heure il fait tellement chaud que j’aimerai pouvoir me mettre nu comme à la maison. Malheureusement je ne suis pas chez moi. Tout comme les téléphones ou la cigarette, l’exhibitionnisme est interdit dans les trains. Il faudra donc que je patiente jusqu’à mon arrivée. Je pourrai jeter mon sac parterre, tout en prenant malgré tout le plus de soin possible pour quelques affaires qu’il contient, filer prendre une bonne douche, puis retrouver Anna au téléphone. J’espère simplement qu’elle n’aura pas oublié de recharger le sien car ce dernier à profité de l’inattention de sa propriétaire pour se décharger durant notre petit week-end.

30 août 2009

Délire Fièvreux...

Samedi 29 Aout 2009

38°

Une étrange idée a traversé ce matin mon esprit. Au sortir de la douche je me suis mis à penser aux conséquences qui pourraient découler d’une modification profonde de nos sens. Si le toucher devait prendre la place de l’odorat ou bien la vue celle de l’ouïe, quelles en seraient les inconvénients? Si nos oreilles devaient percevoir les odeurs, serions nous capables de ressentir de nouvelles sensations olfactives. Car jusqu’à présent, nos deux narines se trouvant dirigées vers un même point, le parfum inhalé n’est-il pas toujours exclusif ? Si l’oreille droite devait humer celui, douceâtre, de pétales de roses et que celle de gauche devait tomber sur celui de gaz d’échappements, le mélange des deux risquerait de donner des résultats plutôt surprenants. Je n’aimerai pas avoir en lieu et place de mes empreintes digitales cinq paires d’yeux capables de fureter dans une dizaine de directions différentes et simultanées. Se forcer à loucher lorsque l’on est gamin est déjà une sensation désagréable qui mène parfois jusqu’à la migraine alors imaginons que nous ayons à gérer cinq fois plus d’images imprimées dans notre cerveau et superposées les unes aux autres. Rien qu’en y pensant, j’en ai la tête qui tourne.

39°

Il y a autre chose aussi. Je ne crois pas me tromper lorsque j’écris que les seules parties de notre corps qui restent insensibles au maltraitances sont les cheveux, les ongles des pieds, ainsi que ceux des mains. Si tout finissait par s’inverser, et qu’au contraire nous pouvions nous débarrasser d’un nez trop long, d’un index de pied dépassant allégrement le gros pouce qui le côtoie ou encore d’oreilles si grandes que nous serions obligés de passer les portes à pas chassés, et ce, d’un grand coup de ciseaux… Hum. Dans ce cas là, nous pourrions tous concourir dans la catégorie « cheveux les plus longs au monde » du livre Guiness des records. Le rouge à ongles reviendrait cher aux femmes coquettes et nos champions d’athlétisme seraient condamnés à ne vivre leurs ambitions de gloire qu’au travers de leur rêves.

40°

C’est vrai, je l’avoue. Il m’arrive de n’avoir rien de mieux à faire que de penser à ce genre d’idées. Tordues. Peut-être. Quoique. Cela pourrait servir de base à un court-métrage. Je vais peut-être d’ailleurs en parler à alex qui cette nuit m’a demandé si j’étais intéressé par l’éventualité de participer à la réalisation d’une bobine expérimentale. Moi qui croyait qu’improvisé, le tournage d’un film, même très court, devait tenir sur des bases solides, cet homme étrange m’a affirmé le contraire. Il me rappelle cet autre personnage que j’ai bien connu et qui affirmait produire une musique concrète. Lorsque je me suis rendu sur son site personnel, j’ai pu réaliser combien ses créations étaient d’une prétention à sa hauteur. Une série d’enregistrements incohérents, déstructurés et fainéants qui ne témoignaient chez cet homme d’aucun talent pour l’arrangement et encore moins d’un sens créatif. J’imagine qu’aujourd’hui, les seuls encore capables de s’émerveiller dans ce vide astral sont les novices en la matière. Il n’a pas eu cette chance avec moi qui depuis des années m’intéresse aux origines de ces nouvelles musiques émergeantes dont les sources proviennent en partie d’artistes tels que Pierre Henry. Producteur lui-même de ce que l’on appelait alors la musique concrète. Un procédé qui malgré l’étrange ordonnancement des matières premières avait un sens à mes yeux. Comme au cinéma il est toujours plus ardu de faire rire que  pleurer, en musique il est plus simple de produire de la merde lorsque l’on est mauvais que des chefs-d’œuvre lorsque l’on est un génie.

41°

Des personnages, j’en ai rencontré. Entre ceux qui ont fait (et font toujours) mon admiration et ceux qui s’admirent seuls devant un miroir, il y a de quoi écrire une encyclopédie en trente volumes sur les travers et les bienfaits de l’homme. Il est amusant de constater combien physiquement ces derniers accumulent des points de ressemblance frappants. Entre le sourire niais. Un profil de type « bas du front ». Un corps de semi-athlète ayant laissé choir son sport favori depuis belle lurette, il est facile de les reconnaître lorsque l’on en croise un dans la rue. Et là, je ne parle que des hommes puisque les femmes, elles, ont tellement de sous-catégories dans le genre que la liste serait trop longue à établir ici. Revenons alors sur celui qui nous intéresse. L’homme donc. Celui qui roule en décapotable, une paire de lunettes de soleil perpétuellement rivée au dessus du crane (et jamais au grand jamais sur le nez. Vous comprenez, ça laisse des traces de bronzage), est le type même du beauf narcissique. Il est généralement fou, fou, fou amoureux. De son image. De ses pensées. Il connait tout sur tout. Il lui arrive même parfois de nier l’évidence sur un sujet qu’il ne comprends pas toujours et dont il prendra connaissance dans une encyclopédie à son retour chez lui. Histoire d’avoir l’air plus intelligent la prochaine fois. Ou moins bête en tout cas.

Il y a quelques spécimens (pas si rares que ça maintenant que j’y pense). Ce sont les adorateurs du dieu Tuning. La voiture glissant sur un tapis luminescent bleuté, ils retrouvent leurs congénères au beau milieu d’un parking où les attendent déjà une tripotée de lobotomisés, le coffre arrière des voitures ouvert en grand, une musique tribale (voire primaire) exprimant la pleine pensée de ces êtres qui malgré leur constante expansion n’ont jamais croisé ma route.

Mais je m ‘égare puisqu’à l’origine je devais parler de ceux que j’admire. Au lieu de perdre autant de temps à mépriser ces hommes si différents de moi, j’aurai dû citer Patrick. Pas très grand par la taille mais si imposant de par sa culture que je ne serai pas étonné un jour de le voir participer et remporter Questions pour un champion.

J’aimerai avoir le temps d’en parler maintenant mais je sens déjà le train ralentir sa course.
Montpellier me voilà.
J’arrive ma douce Anna.

28 août 2009

Comme j'aime me retrouver au coeur de la tempête...

Vendredi 28 Aout 2009 vers 07h30

C’est toujours arrivé à terme des nuits les plus dures et les plus harassantes que mon imagination est la plus prolifique. Comme si mon cerveau produisait une substance qui remettait à niveau mon corps et mon esprit. Cette nuit fut un brin différente des autres car auréolée de soupçons persistants concernant notre devenir à mes collègues et moi. Après une première partie bâtie sur la torpeur et l’incertitude, c’est avec apaisement que nous avons passé notre heure de pause réunis dans la pièce où habituellement je profite de ma solitude et du calme pour jeter quelques phrases dans les entrailles de ma petite boite noire.

J’ai réalisé pour la toute première fois combien l’espace dans cette pièce pouvait se révéler exigu lorsque plus de trois personnes s’y trouvaient simultanément. Loulou, Mich, Rob, Reg et moi nous sommes réunis pour la toute première fois depuis toutes ces années de cohabitation dans cet univers qui semble aujourd’hui davantage carcéral qu’au commencement. Cette petite rencontre d’une  heure entre collègues n’avait bien évidemment rien d’innocent. Il fallait entre nous, percer l’abcès qui menaçait de crever sans crier gare. Je crois que malgré les dénégations de certains, chacun avait besoin d’être rassuré. ET je n’étais pas le dernier. J’étais, il faut que je vous l’avoue, complètement déconfis  au moment d’apprendre que j’allais bientôt devoir déménager pour une destination que seuls les propriétaires avaient encore entre les mains. C’est toutefois avant la pause, et après avoir eu un bon ami à moi au téléphone (précédé de ma tante préférée), que mon esprit avait déjà semblé avoir perçu une lueur d’espoir.

La confirmation de cette dernière fut renforcée (malheureusement de façon théorique) par le débat qui s’est tout naturellement créé autour d’une table ronde. Le sujet était essentiellement basé sur le mensonge, la stratégie, l’épuisement des ressources ainsi que la volonté de créer un climat de peur et de tension. C’est après avoir analysé les divers commentaires parfois criés pour mieux se faire entendre lorsque le brouhaha prenait le dessus sur la mesure que j’ai fini par comprendre.
Que depuis presque deux ans l’on nous ment sur nos droits, sur les promesses faites à notre égard et sur bien d‘autres choses encore. Deux années durant lesquelles ceux d’en haut n’ont fait que cogiter afin de trouver la solution ultime pour se débarrasser de nous. Il faut dire que dans le paysage national nous faisons figure de résistants. Notre lieu de travail est même sans doute considéré par nos patron comme un village de gaulois au centre d’un pays sur lequel les romains ont la main mise. Que certaines valeurs prônées par les anciens ne sont en vérité que de la poudre aux yeux. Une poudre qui maintenant et depuis trop longtemps à des airs de poussière. Des particules qui nous rendent aujourd’hui allergiques à toute forme de compassion puisque derrière se cache très certainement et presque systématiquement une hypocrisie crasse. La pommade, on sait ce que c’est. On nous l’a si souvent passée que si nous ne nous étions pas réveillés depuis, nous aurions tous disparus sous une épaisse couche de crème.  On divise pour mieux nous briser. Comme une énorme boule de pâte à modeler qui se scinderait en milliers de morceaux. Si petits qu’au final il n’en resterait rien de visible à l’œil nu.

Peut-être aujourd’hui nous considère-t-on comme du menu fretin, ou bien trop jeunes pour assimiler certaines choses. Mais il ne faut pas croire que l’âge fait tout. L’expérience est primordiale dans la connaissance des choses. C’est là-dessus qu’il faudra compter le jour où l’heure de la révolte aura sonnée…

27 août 2009

Jeudi 27 Aout 2009 vers 17h30

J'ai reçu il y a approximativement un mois des photos d'un repas familial auquel Anna et moi avons participé. Outre le plaisir de retrouver la famille immortalisée ainsi que ma douce sirène, j'ai eu le désagrément de voir qu'un phoque s'était introduit parmi les convives. MOI ! En y repensant je rigole car je réalise que le surnom que m'a donné Anna était bien choisi. Un lamantin. Cette grosse bêtes qui patauge dans de petits étangs et que l'homme n'a de cesse de pourchasser. Au milieu de ces images, une autre, prise chez Vevette la dernière fois que nous sommes venus lui rendre visite Anna et moi. Dessus, Cette dernière. Et le même lamantin. Mais à le voir vautré dans le canapé, j'imagine qu'il n'a pas participé à Koh Lanta vu l'embonpoint dont il fait preuve. Ou bien a-t-il trouvé une cache garnie fruits et de poisson. Toujours est-il que le pauvre a dû vivre l'expérience avec difficulté car sur cette image, il ressemble davantage à un arriéré mental atteint d'obésité morbide qu'à un participant ayant perdu le poids des efforts fournis durant les épreuves. Ma chère et tendre ne sait pas encore que cette série de photos existent. Elle s'en rendra compte lorsque j'aurai mis en ligne ces quelques mots. Elle pourra toujours exiger de moi que je lui fasse parvenir. Elle pourra me menacer, me crier dessus, me faire chanter, mais rien ne saura me convaincre de lui montrer combien j'ai pu ressembler il y a encore trente jours à un éléphant de mer.

Je suis atteins en ce moment de délirium trémens dû à l'absence dans mon organisme de glucides et de lipides. Je fais des cauchemars dans lesquels de longs vers me rongent de l'intérieur. Faut dire qu'avec tout le saumon que je dévore et sa mauvaise réputation en Chine, j'ai de quoi me faire du soucis. C'est pourtant le seul aliment que mon palais accepte encore aujourd'hui. La viande que je chérissais autrefois et dont je ne pouvais me passer ne serait-ce que pour un repas est devenue l'un de mes pires ennemis.
Il n'y a guère que les produits laitiers qui parviennent encore à me contenter. Même sans matières grasses ils se révèlent délicieux et remplacent sans peine toutes les sucreries que j'ai pu manger par le passé. Voilà bien un plaisir que je saurai conserver lorsque je pourrai enfin recouvrer une alimentation plus diversifiée.

Je reprends le travail ce soir avec une petite boule au creux de l'estomac. La fermeture prochaine du centre m'inquiète d'autant plus que l'on tente de me convaincre de choisir une voie qui ne me convient pas. Je sais ce que je veux faire et malgré les pressions je m'y tiendrai. De toute manière, j'ai assez d'énergie et de rêves pour n'avoir pas à faire de ce problème ma seule et unique préoccupation.

Dans 41 heures Anna et moi serons ensemble. Nous partons ce week-end à la chasse aux galets, au bois flottant, et autres petits cadeaux de la nature qui nous permettront je l'espère de nos adonner à l'une des passions d'Anna. Une passion que je vais mettre à contribution pour apprendre à faire autre chose de mes doigts que les croiser...

25 août 2009

Mardi 25 Aout 2009 vers 16h50

Mardi 25 Aout 2009 vers 16h50

Pas moyen de dormir. Ni de réfléchir. A rien d’autre en tout cas qu’aux recettes dont j’aimerai me faire le chef-cuisinier afin de pouvoir manger ce soir quelque chose d’un peu plus consistant qu’habituellement. Je rêve de pâtes, de riz, de sauce tomates et de beurre. D’un peu du blanc d’un poulet et de beaucoup de sa peau. Grillée. Roussie. Parfumée et croustillante. J’ai tapé sur la toile, Dukan et pâtes. Parce que dans mon fort intérieur, même si je savais déjà que j’y trouverai inscrit en rouge et gras une interdiction, j’espérais y voir  écrit qu’exceptionnellement je pouvais m’en servir quelques poignées. Pas les 200 grammes habituels, non. Dix fois moins. De quoi rappeler à mes papilles la texture soyeuse des spaghettis, des macaronis  ou des papillons.

J’avoue qu’après 23 jours de régime et presque sept kilos en moins (qui fluctuent en  fonction des légumes ingérés), je réfléchie chaque fois que j’y pense aux regrets que je pourrai avoir si jamais je me laissais tenté par la gourmandise. Je me change alors les idées. Je me gave de films. Comiques, horrifiques, dramatiques. Puis je pense au week-end prochain. A la course folle à laquelle Anna et moi allons nous adonner durant l’unique après-midi de samedi afin de trouver la matière aux bijoux que nous avons très envie de créer. Si elle n’a pas besoin de moi pour trouver son inspiration, je ne pourrai sans doute pas me passer de son aide pour me lancer dans ce projet. Encore un. Je préfère ne pas penser à l’idée que je pourrai comme à chaque ne pas aller jusqu’au bout et me laisser aller dans cette envie qui pour moi est tout à fait inédite.

Je ne reprends le travail que jeudi soir. Autant dire que depuis quelques jours, et avec l’aide du soleil, j’ai l’impression d’être en vacances. Loin de tout ce qui m’empêche de tourner en rond. Entre ceux qui forment le clan des inquiets, forcés de donner un peu de leur virginité pour ne pas se retrouver à l’arrière. Et les autres. Les irréductibles qui parfois m’énervent autant que les premiers à force de pousser au paroxysme leur anarchisme envers la direction. Voici que mon appétit vient de disparaître. Mais pour combien de temps encore?

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Régime Hyperprotéiné
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