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Régime Hyperprotéiné
21 septembre 2009

Marseille-Montpellier : Départ 17h14, arrivée 01h00

Lorsque j’ai quitté mon appartement vers seize heures cet après-midi, j’étais loin d’imaginer le calvaire que j’allais vivre au milieu de centaines d’autres voyageurs. Tout a commencé en arrivant en vue de Vitrolles. Le train s’est arrêté au milieu de la campagne, fort heureusement à seulement quelques centaines de mètres du quai. Après que nous ayons tous appris que le train qui nous précédait avait déraillé juste devant nous, il nous a fallut nous rendre à l’évidence que nous ne repartirions pas en direction de Montpellier de sitôt. Evidence qui fut quelques instants plus tard confirmée par la voix du contrôleur qui nous demandait alors de bien vouloir descendre du train afin de longer la voie ferrée entourée de quelques agents de sécurité. Arrivés à destination, nous avons été redirigés vers l’accueil de la gare ou nous avons du nous entasser comme des bœufs en attendant de plus amples informations concernant la marche à suivre. Aucun autre agent de la SNCF n’était présent pour nous aiguiller que ceux qui allaient débarquer une heure plus tard, le sourire aux lèvres, avec ce semblant de perversité que certains d’entre nous durent sans doute contracter à force de perdre patience.
Il n’y avait guère d’autre solution pour chacun que de rassurer ses proches en leur téléphonant faute de mieux.

Le temps allait très vite avoir la main mise sur ceux qui résistaient encore à la tentation d’étrangler le premier agent de la SNCF qui débarquerait. Les premiers éclairs se présentèrent bien avant le grand gaillard à lunettes qui finirait par nous rassurer sur notre sort futur. La pluie elle-même participa à la fête en tombant drue et revêtant l’asphalte d’une épaisse couche boueuse qu’elle était partie récolter sur les hauteurs de Vitrolles. Chacun chercha se protéger du déluge en s’accaparant une place bien au froid sous un préau qui devint très vite noir de monde. J’imagine que dans l’esprit de chacun, l’attente serait longue mais qu’elle ne dépasserait pas l’heure et demi.

Vendredi 18 Septembre 2009 vers 20h45

C’est pourtant trois heures qu’il nous fallut patienter dans le froid et sous les bombardements venus du ciel pour qu’enfin apparaissent les trois cars qui devaient nous emporter jusqu’à la gare de Miramas. Contrairement à l’hypothèse que je m’étais faite du comportement qu’allait avoir une bonne partie des voyageurs usés par l’attente, c’est dans une relative quiétude que chacun trouva un siège sur lequel s’asseoir enfin. On nous promettait vingt à vingt-cinq minutes de trajet. Il nous fallut guetter les premiers panneaux annonçant la ville de Miramas, UNE HEURE après notre départ. Je faisais une estimation du temps qu’il me restait à supporter avant de voir le paysage devenu si commun de la ville de Montpellier. Je dois préciser que l’on nous avait assuré avant de monter dans le bus, qu’arrivés en gare de Miramas plusieurs trains en partance pour Montpellier seraient affrétés afin d’assurer notre voyage jusqu’à son terme.

Vendredi 18 Septembre 2009 vers 21h45

L’impression d’acharnement qui s’ensuivit fut inconcevable lorsqu’enfin arrivés à bon port nous avons tous appris qu’aucun train n’était prévu et qu’il nous fallait « espérer » en prendre un au vol à la gare d’Avignon.
Plutôt que de hurler inutilement à la mort, j’ai tenté d’avoir un semblant d’information auprès d’un contrôleur qui « m’assura » alors qu’il y aurait « peut-être », « normalement » voire « certainement » une correspondance sur Avignon. Rien de catégorique en définitive mais je ne me voyais pas errer sur le quai de la gare de Miramas en comptant les étoiles dans le ciel nocturne. Le plus dur nerveusement était d’imaginer Anna cherchant une solution désespérée alors qu’aucune véritablement rassurante ne semblait pouvoir mettre un terme à ce cauchemar.

Le train et parti une demi-heure plus tard er c’est en arrivant à la gare d’Avignon que l’espoir de voir s’achever ce calvaire se profila lorsqu’une voix annonça aux voyageurs que le train tant attendu pour Montpellier allait bientôt prendre la relève. Une illusion qui partit en fumée lorsque le panneau d’affichage nous confirma que non seulement le train n’était pas encore arrivé mais qu’en plus il aurait une demi-heure de retard. N’ayant plus de batterie sur mon portable, Anna et moi avons dû prendre dans l’urgence une décision ferme et définitive. Elle me proposait de venir me chercher directement à la gare d’Avignon. Je lui proposais plus simplement de rester sur Montpellier et de ronger son frein le temps pour moi de venir vers elle.
Un homme avec lequel j’engageais la conversation semblait plus mal loti encore que moi puisqu’il devait se rendre à Perpignan bien qu’aucune correspondance n’était prévue pour cette ville. Un sexagénaire qui se montrait plutôt optimiste quand au temps d’attente, son dégout résultant plus du manque d’information de la part de la SNCF que d’autre chose.


**************


Ce que je retiendrais personnellement de cette désagréable expérience, c’est tout comme cet homme ce profond mépris des responsables vis-à-vis de leurs clients et leur incompétence à faire face à une telle situation, allant jusqu’à leur faire des promesses qu’ils étaient visiblement incapables de tenir. Peut-être était-ce une manière pour les premiers rencontrés de se dédouaner et de refiler le bébé à ceux de leurs collègues auxquels nous ferions face dès notre arrivée à Miramas. D’autres prirent donc la relève un peu plus loin mais ne firent pas montre d’un regain d’intérêt nous concernant. Tout au plus exprimèrent-ils des suppositions quand à notre devenir afin de calmer les esprits échaudés par une telle cascade de déconvenues.
Au contraire, je fus surpris de constater que la majeure partie des voyageurs pris l’événement de manière plutôt positive, ne retenant que les rencontres effectuées à la volée parmi le groupe composé d’environ 250 personnes. Tous ont résisté à l’attente, au froid, à la pluie et au manque d’information. Une majorité à supporté l’affligeant comportement des responsables de la SNCF. Et peu se sont énervés.

Quand à moi, c’est dans le reflet d’une eau ruisselant sur l’asphalte de la gare de Vitrolles que j’ai entraperçu le visage de celle que j’aime. C’est entre chaque coup de tonnerre qu’il m’a semblé l’entendre me soutenir de sa voix douce. Dès Miramas, c’est au cœur de la tragédie qui se poursuivait que j’ai compris que même les pires catastrophes ne pouvaient nous empêcher de nous retrouver…

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Commentaires
C
très joli mot de fin<br /> un gros bisou à vous deux <br /> mon lolo
A
Mon lamantin,<br /> J'aurais dû noter, tout comme toi, les sentiments divers, de la fébrilité au découragement, qui m'ont parcourue au fur et à mesure que les événements se déroulaient...<br /> Je me revoie encore rouler sur une route à la sortie de Montpellier sans savoir où j'allais, ni où je devais te retrouver, ni quand, ni comment...<br /> Le pire, c'est que lorsque tu suivais le groupe dans tes péripéties, au lieu de te rapprocher de moi, le trajet que l'on t'imposait te faisait monter de plus en plus dans le nord !<br /> Tout cela me semblait si absurde...<br /> Et comme un problème n'arrive jamais seul, voilà que ton portable te lâche et qu'il nous faut prendre une décision en quelques secondes sans avoir toutes les cartes en main au risque de nous croiser sans pouvoir nous retrouver...<br /> Et lorsque, en désespoir de cause, j'avais fini par prendre la décision de monter sur Avignon,ne vl'à t-il pas qu'un homme en jaune de l'autoroute me prévient qu'un poids lourd venait de se renverser sur l'autoroute que je devais prendre... !!<br /> Il nous aura au moins permis de prendre la bonne décision just'avant que ton téléphone ne s'éteigne.<br /> Imagine que notre conversation se soit arrêtée sur " Je viens te chercher" "Non! reste et attends-moi à Montpellier ! "Non!""Si!"... et Bip... Bip... bip.............................<br /> Sacrebleu ! Qu'aurions-nous fait ?????<br /> <br /> J'imagine par exemple la fin d'un film où la caméra balaie un paysage vu d'en haut : un train qui t'emporte vers le sud où tu crois me rejoindre et moi, bloquée dans un embouteillage sur une autoroute qui me mène vers le nord où je crois aller te retrouver...
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