Période d’attaque (entre 5 et 7 jours) troisième jour
Mercredi 05 Aout 2009, vers 01h15...
Du haut d'un bon mètre quatre-vingt et lourd d'une centaine de kilos, Christian a passé une bonne partie de la soirée à m'expliquer le principe du régime que je m'emploie à respecter scrupuleusement. Contrairement aux longs discours que je tente parfois de suivre avec effort et dévouement, je dois avouer qu’il a réussi sans mal à capter mon attention. Lorsque l’on me parle football, politique ou bien mécanique, j’ai pour habitude de chercher par tous les moyens une issue de secours. Un regard parfois qui me sensibilise. Une personne à laquelle me raccrocher. Qui captera peut-être mon attention au point de me libérer de mon geôlier. Mais je ne suis qu’un piètre comédien. Les visages croisant le mien n’arborent que sourire ou dédain, sans savoir que derrière ma grimace de clown se cache un homme désemparé. Cette nuit, Christian m’a offert quelques heures de répits. Durant lesquelles j’ai oublié que mon estomac me faisait la vie dure. Les gâteaux, les glaces et les féculents ne m’ont jamais parus aussi insignifiants qu’au son de sa voix. Même le surimi, seule « gâterie » autorisée, et que j’ai emporté avec moi ce soir, ne m’a jamais tenté ni jamais poussé à ralentir le flot incessant de ses paroles. Combien de fois ai-je pu avoir de longues conversations sans que mon interlocuteur ni moi-même n’ayons pris conscience de l’évolution des sujets abordés. Car comment expliquer que nous soyons passés des protéines à Klaus Nomi?
Tournant et retournant le sujet du régime hyperprotéiné jusqu’à l’obsession, j’ai fini en peu de temps par fatiguer certaines personnes de mon entourage. Certaines d’entre elles, parmi les plus résistantes, n’ont trouvé d’autres moyens pour se débarrasser de moi que de me parler de ce qu’elles allaient manger quelques heures plus tard au restaurant. Un cassoulet au menu qui n’arrivait pourtant pas me faire oublier les deux escalopes de poulets ingurgitées cinq heures plus tôt. Un œuf aussi. Au plat s’il vous plait. Dont la moitié est restée collée au fond de la poêle avant de finir dans l’évier. J’eus après cette fort désagréable expérience une pensée peu en accord avec les fondements du régime auquel je m’emploie: Ajouter une noisette de beurre. Qui m’en aurait voulu après tout ?
Moi, sûrement.
Elle, très certainement…
Ce même jour, vers 07h30
Je viens de rentrer, épuisé, décomposé, affamé. J'ai bien failli craquer lorsque je suis allé boire un verre d'eau dans la cuisine. J'allais me faire cuire un plat consistant, gras, calorique, pantagruélique, mais avant, je me devais d'aller me peser. Et Ô miracle, j'ai eu le bonheur de voir qu'à nouveau j'avais perdu un kilo. Autant de kilos que de jours écoulés. A ce rythme là, j'en aurai perdu 7 au terme de cette première semaine de régime... Toujours est-il que mon effroyable appetit s'en est allé je ne sais où. Loin de moi l'idée de jouer à cache-cache avec lui. Il peut rester des heures planqué sous un meuble ou bien au fond d'une armoire. Je ne l'en délogerai pas. Du moins, pas aujourd'hui...