Période alternative (2ème jour)
Dimanche 09 Aout 2009 vers 04h10
Cette nuit Columbo s'est invité à la maison pour quelques heures. Lui et beaucoup d'autres encore. Maigret a précédé une compagnie entière de loups avant qu'un certain Bohringer ne vienne empiéter au milieu d'une affaire qui a préoccupé tout ce petit monde. Le premier a commandé un chili con carne cuisiné par son chef préféré. Le second a dévoré des paupiettes de veau dans un restaurant chic au milieu d'une faune bigarrée avant de finir par un café. L'attroupement de lycanthropes s'est servie en plein cœur d'une campagne en allant éventrer une vache égarée. Le dernier quand à lui, pour ne pas faire les choses comme tout le monde, a dévoré l'esprit de Richard Berry.
Tout ce petit monde s'est évidemment retrouvé derrière la
petite lucarne sans jamais se croiser. Les uns disparaissant derrière un
générique pendant que les suivants se pressaient à la porte d'entrée. Dire que
je pensais faire de cette nuit l'occasion d'un travail manuel et pourquoi pas
intellectuel est une certitude. Ce qui l'est moins désormais, vu l'heure,
puisque dans quelques centaines de minutes le soleil viendra illuminer de ses
rayons les murs de mon appartement.
J'ai la veille au soir, tapissé mon palais, mon œsophage
ainsi que mon estomac d'un choix serré de légumes et de poisson. Puisqu'il m'a
été difficile dans la journée de boire un litre et demi de liquide, j'ai
remplacé une partie de ce dernier par des asperges gorgées d'eau. Pour ne pas
avoir la gourmandise de les avaler d'une traite, je les ai coupée en petits
morceaux, puis y ai ajouté une petite boite de thon au naturel avant de
recouvrir le tout de deux œufs que je croyais durs mais qui par bonheur étaient
mollets. Moi qui par habitude use de la fourchette comme d'une catapulte, je me
suis surpris à prendre mon temps. Peut-être ai-je enfin acquis cette essentielle
nécessité de manger lentement? Ou peut-être était-ce alors la trop petite
quantité de nourriture qui me fit craindre d'avoir encore faim à la faim
du repas.
"Pourquoi ce qui est beau pour nos yeux fait du bien à l'âme et pourquoi ce qui est bon à nos palais fait du mal à nos corps ?" (Anna)
A 03h30, je n'avais pas encore mis la main au projet de création dont j'ai fait part à ma chère et tendre petite amie. Quarante minutes plus tard, je ne me suis pas davantage avancé. Comme cela n'arrive que très rarement en été, j'ai terriblement envie de me glisser dans un bain tiède et d'y fermer le yeux. Dans le noir. Et ne m'éveiller qu'à la lumière du jour. Peut-être alors que je me glisserai derrière l'écran de mon ordinateur. Un yaourt nature à la main. Peut-être pianoterai-je des idées de conception. Peut-être enfin leur donnerai-je forme dans de la pâte à modeler pour qu'Anna puisse me dire ce qui va et ce qu'il y a à changer...